Management — 26/01/2016 at 13:11

Ce que les recruteurs en front office attendent de vous en 2016

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2016 ne devrait pas être une année facile pour trouver un nouvel emploi bancaire en front-office. La plupart des banques réduisent les coûts et celles qui ne le font pas recrutent au compte-goutte sur des critères ultra-sélectifs.

Nous nous sommes entretenus avec des recruteurs en front-office basés des deux côtés de la Manche afin de savoir ce qu’ils attendaient des candidats cette année. Voici leurs desiderata…

1. Ils veulent que vous coûtiez le moins d’argent possible
Avec des banques qui regardent au centime près et le marché inondé de candidats désespérés prêts à changer de job coûte que coûte, ce n’est pas le moment de postuler dans l’espoir que votre nouvel employeur rachète vos bonus différés.

« Il y a des emplois dans le fixed income, mais proportionnellement il y a aussi beaucoup plus de candidats. En conséquence, les banques disposent d’un grand vivier de candidats disponibles sur le marché. Elles ont une approche beaucoup plus pragmatique et privilégient de bons candidats parmi les moins coûteux, plutôt que de payer le prix fort pour s’adjoindre les services des meilleurs », constate Nick Stevens, co-fondateur de CEO au sein du cabinet de recrutement londonien Eximius.

2. Ils recherchent des VP’s très performant, mais pas de directeurs
Amaury La Clavière, consultant senior de la division banque d’investissement chez Robert Walters, nous dit faire pour 2016 le même constat que l’an dernier. « Les banques d’affaires vont continuer à structurer leurs équipes, par petites touches, en recherchant des profils très ciblés, comme des vice-president (VP) confirmés, qui font aujourd’hui défaut après les désertions de nombreux professionnels suite à la crise. Avec la reprise des opérations, les banques comme les boutiques cherchent à réinstaller des VP, qui pourront ensuite développer les équipes en fonction des résultats ».

Un constat qui s’applique aussi à la City de Londres. « Tout le monde chasse parmi les 15% des meilleurs candidats pour les postes de VP’s. Les banques veulent désormais ces candidats compétents et très expérimentés à même de doper leurs activités mais sans qu’ils ne coûtent trop chers », explique Russell Clarke, associé fondateur du cabinet londonien Figtree Seach. « Si vous faites partie de cette cohorte, il y aura pour vous de opportunités sur tous les desks : trading, vente et origination, fixed income et actions. C’est ici que tout se passe ».

Qu’en est-il de ceux qui ont un rang de directeur ? Un recruteur M&A, s’exprimant sous couvert d’anonymat, affirme que la demande diminue sérieusement quand vous postulez au niveau directeur. « Il y a beaucoup de directeurs qui ont été licenciés. Les banques recrutent soit des VPs pour faire tourner la machine, soit des banquiers seniors qui peuvent apporter des transactions. Elles ne sont pas intéressées par de coûteux directeurs ».

3. Ils veulent que vous soyez prêt à rebondir ailleurs
Si vous êtes un coûteux directeur M&A en phase de recherche d’emploi, il vous faudra alors vous adapter. « Soit vous aurez besoin de quitter l’industrie financière ou de vous recycler. Après tout, nous avons vu quelques candidats se recycler dans le corporate banking », ajoute le recruteur M&A.

Et pourquoi pas dans le coverage ? « Ce sont des postes très techniques, qui se développent dans le monde entier », a ainsi rappelé Antoine Morgaut, CEO Europe et Amérique latine chez Robert Walters, lors de sa présentation de l’étude salariale 2016 à la presse.

4. Ils préfèrent que vous soyez jeune dans votre tête, docile et performant
« Si vous n’êtes pas un VP très performant, ni un managing director prometteur, vous devrez être prêt comme ceux qui débutent dans le métier à travailler 80 heures par semaines pour un salaire annuel n’atteignant pas six chiffres », confie le responsable d’un cabinet londonien spécialisé dans le recrutement de juniors M&A.

« Nous sommes tellement débordés. L’année vient à peine de commencer et nous cherchons encore à satisfaire une grosse demande d’analystes et d’associés M&A qui ont été bien formés dans de grandes banques », constate Logan Naidu, CEO du cabinet de recrutement Dartmouth Partners basé à Londres.

5. Ils préfèrent vous savoir prêt à changer de job sans exiger une grosse augmentation de salaire
« Une chose que les gens doivent comprendre est que s’ils changent d’emploi cette année, ce ne sera pas pour gagner plus d’argent. Les banques ne paient tout simplement plus aussi généreusement leurs vendeurs qu’elles avaient coutume de le faire jadis », reconnaît un chasseur de têtes spécialisé dans les dérivés actions qui, lui aussi, a tenu à conserver l’anonymat.

Cela ne signifie pas que vous ne serez pas augmenté du tout, mais que l’augmentation qui vous sera consentie ne couvrira pas le risque inhérent au fait de changer de job.

« Si vous êtes dans la vente dérivés actions et que vous touchiez 400k£, vous pouvez espérer trouver un nouvel emploi payé 500k£. Sauf qu’après impôt, vos 100k£ se transformeront en 50k£, et ces 50 k£ seront partiellement différés. Si tout se passe bien dans votre emploi actuel, changer de job pour gagner plus d’argent n’en vaut tout simplement pas le risque »,  poursuit le chasseur de têtes.

Il constate qu’aujourd’hui, ce sont pour d’autres raisons que les gens changent d’emploi, comme par exemple monter une entreprise ou développer une franchise, même si cela est risqué. « Si à l’occasion d’un changement de job vous passez dans une banque Tier 2 ou tier 3 et que cela se passe mal, revenir dans une banque Tier 1 sera plus difficile que jamais ».

6. Ils s’attendent à ce que vous soyez insatisfaits de votre bonus
Certains recruteurs attendent simplement les retombées de la saison 2016 des bonus. Les bonus des banques américaines sont en train d’être annoncés, mais ne seront pas payés avant fin janvier ou février. C’est seulement à ce moment-là que ceux qui sont mécontents de leurs bonus chercheront à changer d’employeur.

« Nous nous attendons à ce qu’un grand nombre de personnes changent d’emploi en BFI, car ils seront mécontents de leur bonus cette année. Dans la banque d’investissement, les bonus versés au titre de l’année 2015 sont susceptibles d’être rabotés et en conséquence nous devront faire face à de nombreux départs », précise Stéphane Rambosson, managing partner chez DHR International.

Surtout que changer d’employeur en affichant zéro bonus ou un bonus en forte diminution n’est pas rédhibitoire, comme le rappelle Thierry Carlier-Lacour, Directeur Associé chez Traditions & Associés Executive Search Consultants. « Les banques qui recrutent ont tendance à prendre en considération le contexte général de réduction des bonus qui a touché de nombreuses banques d’investissement ces dernières années et ne tiennent donc pas rigueur au candidat d’afficher un faible bonus », précise-t-il.

7. Ils ne veulent surtout pas que vous les harceliez
Si vous avez perdu votre emploi l’an dernier et que vous n’en avez toujours pas trouvé de nouveau, vous pourriez vous sentir paniqué. Faites en sorte de ne pas le montrer. « Il y a ici beaucoup de gens très désespérés, qui font tout ce qu’ils peuvent pour décrocher des entretiens avec les banques. Beaucoup sont des harceleurs », explique le chasseur de têtes. Comment cela se traduit exactement ? « Ils m’appellent tout le temps, m’envoient des mails sans arrêt, intiment à des clients et des amis de prendre la plume pour écrire combien ils sont compétents ».

8. Enfin, ils n’ont rien contre le fait que vous acceptiez de travailler dans une banque moins prestigieuse
Enfin, et dans l’esprit de compromis (point 3), les chasseurs de têtes veulent que vous acceptiez les offres de banques de Tier 3 et même en-dessous. C’est là où le gros des recrutements devrait avoir lieu cette année, surtout si vous travaillez dans le fixed income. Enfin, si vous visez un meilleur job dans une banque plus prestigieuses, il vous faudra sans doute attendre 2017 voire au-delà pour que la chance vous sourit enfin.

Efinancialcareers

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