Le désarroi des étudiants privés de stage à cause du confinement

La pandémie de coronavirus pénalise de nombreux étudiants, dont les stages ont été annulés. Chez eux, nombre d’entre eux rongent leur frein.

«Les absences de stage ne doivent pas pénaliser les étudiants pour l’obtention de leur diplôme». Depuis le début de la crise du coronavirus, Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, n’a cessé d’envoyer un message clair aux étudiants: ils ne seront pas désavantagés en cas d’annulation de leur stage. En revanche, s’ils peuvent le faire de chez eux, l’expérience sera tout de même bonne à prendre. Mais pour la majorité d’entre eux, cette alternative n’est pas à l’ordre du jour. De nombreux jeunes ont reçu des mails de l’entreprise dans laquelle ils devaient faire leur stage leur signifiant que celui-ci était totalement annulé. À leur grand désarroi.

«Je suis vraiment dégoûté, lance Lian, 19 ans, étudiant en commerce international à Metz. J’avais réussi à trouver un stage de prospection dans une entreprise aux Pays-Bas. Je m’étais vraiment bien préparé: deux mois à l’étranger, ce n’est pas quelque chose que l’on vit tous les jours… Maintenant, je vais devoir rester chez moi, à ne rien faire», se lamente-t-il. Le stage au Japon de Melvin, étudiant à l’Enseeiht, école de l’environnement de l’INP Toulouse, a été annulé à la dernière minute. «Je devais faire un stage ouvrier à Yokohama, au Japon. Nous voulions en profiter avec des amis pour y passer des vacances et visiter le pays. À la place, je vais sûrement essayer de faire un stage en France en juillet ou en août, c’est triste», déplore-t-il.

Certains étudiants ont peur de ne pas pouvoir valider leur année. William, 20 ans, étudiant à l’université de Créteil (Val de Marne) avait économisé depuis septembre pour pouvoir partir faire son stage de quatre mois à l’étranger. Une expérience qu’il devait obligatoirement avoir pour la validation de sa licence commerce international, suivie à l’université de Créteil. «J’avais trouvé une entreprise qui correspondait parfaitement à ma demande, à Amsterdam, j’étais vraiment heureux. À la place, mon université a décidé de remplacer ce stage par une sorte de mémoire racontant notre cursus universitaire», raconte-t-il. Et de poursuivre: «Je vais donc devoir faire un mémoire sur une licence, vide, creuse, sans intérêt, que j’ai littéralement détesté et où je n’ai rien appris, plutôt que de faire le superbe stage que j’avais réussi à me trouver. Je suis dépité», lâche-t-il.

Des stages maintenus dans des conditions inédites

Mais tous les stages n’ont pas été annulés. Beaucoup d’entreprises ont permis aux étudiants de poursuivre leur expérience… de chez eux. C’est par exemple le cas de Marie, étudiante dans la grande école d’ingénieurs CentraleSupélec, qui avait déjà commencé son stage dans une université de Londres lorsque l’épidémie de coronavirus a commencé à sévir. «Ils me payaient mon loyer et ma carte de transport. Mais avec les consignes de confinement, je suis rentrée chez mes parents, à Paris. Depuis, je continue mon stage de la maison, mais je ne suis plus dédommagée financièrement», raconte-t-elle.

Même si elle continue son stage en télétravail, Marie regrette bien évidemment que cette expérience à l’étranger ait tourné court. «Je m’étais préparée à passer six mois en Angleterre et tout s’est arrêté net. Cela fait bizarre de se retrouver chez ses parents», lance-t-elle. Mais Marie en convient: elle peut s’estimer heureuse, certains de ses amis n’ont pas de stage du tout. «Pire, certains doivent continuer de payer leur loyer à l’étranger, alors qu’ils sont rentrés en France», ajoute-t-elle.

Samantha aussi a eu de la chance. Cette étudiante de la grande école de commerce HEC a trouvé un stage à Bruxelles, chez SkyDoo, une entreprise spécialisée dans la sécurité informatique et le développement web. Malgré la pandémie, elle a souhaité poursuivre son expérience en restant sur place. «Mon entreprise a été arrangeante, je travaille la plupart du temps de mon appartement bruxellois, et deux jours par semaine, je me rends sur place, car l’entreprise est juste à côté de mon lieu d’habitation», raconte-t-elle. Samantha se réjouit que SkyDoo ait fait en sorte que son stage puisse se poursuivre. Mais elle avoue avoir du mal à se faire à la situation. «C’est étrange de passer d’une entreprise pleine de vie, à la solitude totale. Quand on est seule chez soi, il faut s’organiser pour trouver un rythme de travail. On ne voit pas ses collègues, on communique par mail ou par téléphone, ce sont des conditions vraiment bizarres. En plus, j’étais en colocation avec trois autres jeunes qui sont tous rentrés chez eux», regrette-t-elle. Un stage qu’elle n’oubliera pas de sitôt.


Wally Bordas  – Read more on lefigaro.fr


 

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