70 % des salariés méconnaissent les soft skills et s’en méfient

Si les cadres et les RH connaissent bien les soft skills, cela ne semble pas être le cas de leurs collaborateurs. 70 % des salariés méconnaissent ainsi les compétences comportementales, et craignent des dérives si elles étaient utilisées pour les évaluer.

Pour la majorité (70 %) des salariés français, le principal critère d’évaluation d’un collaborateur devrait être l’implication dans le travail ; avant le savoir-faire (59 %), nous apprend un sondage OpinionWay pour Dropbox sur les soft skills. (1) Viennent ensuite l’esprit d’équipe (50 %), la personnalité (23 %), la créativité (22 %), la flexibilité (21 %) et l’intelligence émotionnelle (8 %). Autant de savoir-être qui prendraient donc le pas sur les compétences techniques.

Un fossé entre employés et managers

Mais paradoxalement, alors que les salariés prônent les soft skills, ils semblent mal les connaître, dès lors qu’ils ne sont pas cadres. Selon l’étude, la plupart des collaborateurs prônant l’évaluation par ces compétences comportementales ont en effet un profil CSP +, cadre ou manager. Ainsi, 70 % des travailleurs ignorent ce que sont des soft skills, et il s’agit principalement de jeunes (64 % des 18-24 ans) et de seniors (79 % des plus de 50 ans) de catégorie CSP-. A contrario, ceux qui connaissent ce sujet ont entre 25 et 34 ans, appartiennent à la catégorie des CSP+ et encadrent des personnes.

Accumuler des soft skills ne doit pas être un but en soi mais contribuer à cimenter la culture d’entreprise, et renforcer l’adhésion et l’engagement des collaborateurs”, explique Thibaut Champey, directeur général France de Dropbox. “Le travail collaboratif pour résoudre des problèmes complexes, l’esprit d’équipe nécessaire à cette collaboration, ou encore la créativité, deviennent des qualités primordiales”, ajoute-t-il.

Des salariés méfiants

Dans le détail, les salariés sont 63 % à estimer que le fait qu’un employeur les évalue sur des critères “ne relevant pas uniquement de leurs compétences intellectuelles et techniques” est “trop subjectif” et génère une “pression supplémentaire”. Tout âge et catégorie socioprofessionnelle confondu, ils sont par contre unanimes sur l’utilité des soft skills en situation de recherche d’emploi ou de recrutement, en tant que “leviers à l’embauche”. Ainsi, 75 % des personnes interrogées pensent que les savoir-être permettent de cerner les qualités et le potentiel d’un candidat, ainsi que sa motivation. Ils sont aussi 61 %, cadres comme employés, à les considérer comme “incontournables pour briguer un poste”.

Pourquoi, dès lors, existe-t-il une certaine défiance des salariés vis-à-vis de l’évaluation sur les soft skills ? À cause des risques de dérives et de biais. Pour la plupart d’entre eux, favoriser les compétences comportementales pourrait en effet “freiner la promotion d’employés introvertis” (76 %), inciter les collaborateurs à “se présenter sous un faux jour pour réussir” (68 %), ralentir la “promotion d’employés compétents” (66 %) et favoriser “le copinage” dans l’entreprise (61 %). Pour autant, ils reconnaissent malgré tout que prendre en compte les soft skills permet “d’améliorer le fonctionnement des équipes” (64 %) et de créer une culture d’entreprise (61 %).

Il semblerait que les salariés souhaitent des garde-fous pour éviter tout abus ou toute évaluation injuste, mais sont conscients qu’un candidat ne se résume pas qu’à un savoir-faire ou une expertise, et doit également contribuer positivement à la vie de l’entreprise”, note Frédéric Micheau, directeur des études d’opinion chez OpinionWay.

(1) Étude menée auprès d’un échantillon de 1 030 salariés du secteur privé, en février 2020, dont 17 % de cadres, 24 % de professions intermédiaires et 29 % d’employés.


Fabien Soyez – Journaliste Web et Community Manager – Read more on courriercadres.com


 

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