Fintech — 27/09/2016 at 10:30

Les plateformes de crowdlending françaises à la conquête de l’Europe

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Younited et Lendix amorcent une internationalisation peu évidente dans un secteur très régulé et immature… mais avec des premiers résultats prometteurs.

L’internationalisation est loin d’être naturelle pour les plateformes de crowdlending tant la réglementation est mouvante et propre à chaque pays. Mais deux Français se sont résolus à se lancer dans l’aventure. Plateforme spécialisée dans le prêt aux PME, Lendix proposera à ses utilisateurs de financer des entreprises espagnoles en octobre et souhaite être opérationnel en Italie avant la fin de l’année. De son côté, le spécialiste du prêt entre particuliers Younited Credit (ex-Prêt d’Union) accorde des crédits aux Italiens depuis la fin du mois de mars et se lancera en Espagne en janvier 2017.

Le terrain est favorable. “Le prêt aux PME n’est pas un marché international mais multi-local, analyse Olivier Goy, CEO de Lendix. C’est un atout pour les Français parce qu’un acteur américain ou britannique ne peut pas opérer des prêts partout dans le monde depuis son siège et écraser la concurrence. La réglementation l’en empêche, et puis il n’est pas évident qu’il y ait des synergies entre les bases de prêteurs : un particulier ou institutionnel américain ne veut pas forcément investir des euros en Europe. “Les acteurs français ne comptent pas se frotter à leurs concurrents américains ou britanniques, bien trop financés et développés, mais ils ont “la possibilité de créer des leaders géographiques sans que ces mastodontes n’attrapent tous les marchés”, se félicite Olivier Goy.

L’Espagne et l’Italie, cibles privilégiées

Lendix a choisi de se lancer en Espagne et en Italie pour amorcer sa croissance en Europe continentale. “Ce sont des pays où le tissu de PME est important mais où le système bancaire ne sert pas bien leurs besoins en financement.” L’Allemagne, où les PME sont mieux financées, attendra. Surtout, Lendix mise sur des pays ayant éclairci le cadre réglementaire du crowdlending. “On ne part pas dans des zones de non-droit”. La plateforme a fait partie des premières agréées en Espagne, en juillet dernier -même le britannique Funding Circle n’a pas encore obtenu le précieux sésame.

Younited jette également son dévolu sur l’Espagne et l’Italie, où “les taux de prêt sont très élevés et où nous avons donc une vraie légitimité en proposant une offre plus intéressante”, explique son président, Charles Egly. La start-up évite elle aussi l’Allemagne car un concurrent, Auxmoney, y opère déjà. Elle devrait s’y installer d’ici trois ans. La plateforme de prêts P2P n’a par contre pas eu besoin de se poser les mêmes questions réglementaires que Lendix : son agrément d’établissement de crédit, obtenu en deux ans en France est transposable en quelques mois dans tous les pays européens.

Younited Credit aura attendu sept ans pour partir à l’international et Lendix est la première plateforme de prêt aux PME à se lancer alors que le secteur existe depuis 2014. C’était pour “se faire les dents, bâtir la plateforme tech et les process sans se disperser”, raconte Charles Egly. Il faut aussi reconnaître que l’internationalisation du crowdlending coûte cher. “Ouvrir un pays coûte plusieurs millions d’euros car on ne peut pas opérer de manière décentralisée”, note Olivier Goy. Lendix recrute à chaque fois une dizaine de collaborateurs (analyse crédit, relation avec les emprunteurs…). L’ancien directeur général de BBVA France, Grégoire de Lestapis, a notamment été nommé directeur de la filiale espagnole. Younited, de son côté, emploie 16 collaborateurs à Rome et est en train de monter une équipe similaire en Espagne.

Désormais, les Français sont prêts à accélérer : “Nous visons un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2020, contre 10 millions en 2016, et un tiers devra alors provenir de l’international.” En 2020, Younited veut être présent dans six pays de l’Europe continentale. “Nous allons nous développer par hubs : en Belgique et aux Pays-Bas depuis la France, au Portugal depuis l’Espagne, en Roumanie et Bulgarie depuis l’Italie… Nous fonctionnerons en Libre Prestation de Services (Exercice d’une activité de façon occasionnelle sur le territoire d’un Etat de l’UE, ndlr).”

Le premier bilan de Younited en Italie lui permet d’être optimiste. Il a atteint 3 millions d’euros de crédit en mars six mois après son lancement, deux fois plus que lors de ses débuts en France. Pour l’instant, les prêts ne sont financés que par des prêteurs français. Younited attend que sa notoriété soit accrue avant de recruter des prêteurs italiens, “pour optimiser les coûts marketing et montrer un historique”. De son côté, Lendix, qui a prêté 34 millions d’euros en France durant ses 18 premiers mois d’activité, compte atteindre 15 à 20 millions sur la même période dans chaque nouveau pays. En s’installant dans des endroits où le secteur du crowdlending est encore naissant et où aucun concurrent n’a encore fait la différence, les Français ont bel et bien la possibilité de s’octroyer la place de leader.

La principale difficulté pourrait en fait résider dans l’évangélisation. La France a été le premier pays européen à légiférer sur le sujet et le marché est déjà plus mature que ses voisins. Des dizaines d’acteurs contribuent à faire connaître le crowdlending. Ce ne sera pas le cas dans la plupart des pays d’Europe continentale. “Nous sommes ravis qu’en Espagne, par exemple, six plateformes soient déjà agréées, reconnaît Olivier Goy. Nous ne nous lancerions pas seuls ou à deux dans un pays car c’est vraiment dur d’évangéliser.” L’arrivée de premiers Français chez nos voisins pourrait en tout cas ouvrir une brèche pour d’autres acteurs de l’Hexagone…


Source : Aude Fredouelle, JDN

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