Hedge Funds — 05/09/2016 at 15:00

Les hedge funds à maturité

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Les hedge funds sont-ils condamnés au déclin ? Le temps n’est plus aussi faste pour les gérants qui se flattent, par des stratégies à rebrousse-marché, de dégager des performances supérieures à la gestion traditionnelle. Leurs performances ne plaident pas pour eux, surtout depuis 2009 et le grand rebond des indices américains. Leurs clients, notamment de grands institutionnels, en ont déjà tiré la conclusion et d’autres s’apprêtent à suivre. Après la grande tendance à la hausse du nombre de fonds alternatifs et des encours, supérieurs à 3.000 milliards de dollars, nombreux sont les contempteurs de cette industrie, et de ses légendaires excès, qui annoncent son irrémédiable déclin. Ils critiquent ses tarifs déraisonnables, ses mauvais résultats d’ensemble, ses pratiques parfois discutables et surtout le nivellement de ses pratiques dû à l’encombrement du secteur. Bref les hedge funds seraient promis dans l’univers de la gestion au même sort que la haute couture dans celui de la mode : celui d’un segment réservé à un public d’ultra-riches pouvant s’offrir ses services mais marginal dans l’ensemble de l’industrie. Ce faisant, leshedge funds ne renoueraient-ils pas ainsi avec leurs racines puisqu’ils ont historiquement visé un public de family offices et non d’institutionnels, arrivés en force après la crise boursière de 2001 ?

Pourtant, les chiffres ne confortent pas vraiment cette analyse. Ils pointent plutôt vers une stabilisation de l’industrie que vers son atrophie, tant en création nette de structures qu’en encours. D’ailleurs, si le retrait de tel ou tel institutionnel a été médiatisé, d’autres, fonds de retraite ou fonds souverains, ont renforcé leur allocation. Il est vrai que les fonds d’arbitrage sont, comme les autres sociétés de gestion, sous la pression de la gestion passive, ce grand attrape-tout de notre ère de laxisme monétaire généralisé ; mais l’ouverture des marchés internationaux, qu’illustre celle récente du passeport AIFM à de nouveaux pays, sera pour eux un facteur de soutien. Tout comme leur approche singulière des problématiques de marché qui devrait encore leur garantir un intérêt particulier par leur capacité iconoclaste à trouver de la valeur là où d’autres n’en voient pas.

A condition d’admettre que l’ère des pionniers est close et avec elle celle de la croissance rapide. Comme toute industrie à maturité, celle des hedge funds ne peut plus s’adresser à sa clientèle sur la base d’une promesse mirobolante mais d’un « track record » rigoureux. Dès lors, le tri par le marché du bon grain de l’ivraie parmi les gérants alternatifs ne fera que s’intensifier, condamnant les moins performants à sortir du métier. Quant aux autres, l’heure des restructurations et des remises en cause, notamment tarifaires, est venue pour eux. L’immobilier dans les Hamptons ou le marché des jets privés n’y gagneront pas sans doute, mais c’est à ce prix que cette jeune industrie pourra conserver durablement une part raisonnable de ses positions acquises.


Source : Philippe Mudry – Agefi.fr

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