Économie — 05/09/2016 at 12:00

Baromètre bancaire 2016 : l’emploi dans les banques suisses plutôt morose

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L’Association suisse des banquiers (ASB) a publié jeudi son Baromètre bancaire 2016 qui donne un aperçu synthétique des chiffres clés et des principales évolutions de la place bancaire Suisse. Principal constat : en dépit d’un contexte difficile aux plans national et international, les banques en Suisse affichent une réelle solidité. Ainsi, avec une part de marché de 25%, la place financière suisse, demeure le leader mondial de la gestion de fortune transfrontalière.

Toutefois, les coûts croissants liés à la réglementation, la compression des marges et les nécessaires investissements technologiques accélèrent la mutation structurelle du secteur, ce qui se répercute sur les chiffres clés : pendant la période sous revue, la Suisse a vu baisser le nombre de ses banques. En 2015, leur est passé de 275 à 266. Cette réduction concerne au premier chef les banques en mains étrangères, avec 8 établissements de moins.

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Source : Banque nationale suisse (BNS)

Il convient néanmoins de relativiser ces chiffres. La baisse du nombre de banques en Suisse est comparable à celle observée dans d’autres pays européens, et notamment la France où entre 2005 et 2015 le nombre d’établissements a chuté de 45% (contre 20% pour la Suisse, 15% pour l’Allemagne et 9,5% pour le Royaume-Uni).

3.500 postes supprimés depuis janvier

Les nouvelles ne sont guères plus encourageantes sur le front de l’emploi. Le mouvement persistant de consolidation dans le secteur bancaire ainsi que les mesures visant à réduire les coûts et à augmenter la productivité ont pesé sur l’emploi en 2015. Au niveau national, le nombre de postes (en équivalents plein temps) a baissé de 1.012 pour s’établir à 103.041 (-1%). Les réductions de personnel ont été pour l’essentiel le fait des banques étrangères (-2.036 postes, soit -11,2% de leurs effectifs).

Selon une enquête de l’ASB effectuée à l’été 2016, les effectifs des banques suisses sur le territoire national se sont déjà réduits de 3.454 personnes (-4,1%) au premier semestre 2016. A l’étranger en revanche, ils ont enregistré une progression nette de plus de 6.700 personnes.

« En matière d’emploi, on observe une tendance des banques à étoffer leurs effectifs à l’étranger, ce qui est préoccupant quant à la capacité d’exportation de la place financière suisse », précise Martin Hess, responsable politique économique à l’ASB lors de la conférence de presse qui ce tenait pour l’occasion à Zurich. « Il faut dès à présent inverser cette tendance en améliorant les conditions-cadres. En particulier, nous devons faire en sorte que la réglementation soit moins coûteuse ».

Pour ce faire, l’ASB a d’ores et déjà soumis des propositions en ce sens aux instances politiques et aux autorités compétentes en matière de réglementation. Parmi ces propositions figurent la création d’un organe indépendant de contrôle de la réglementation et l’obligation d’information sur les coûts.

Quid des prochaines années

On ignore encore dans quelle mesure la décision des Britanniques de quitter l’UE (Brexit) influera sur le contexte dans lequel évoluent les banques suisses. Mais ces dernières, en dépit des incertitudes, réalisent pour la plupart des bénéfices confortables, ce qui confirme leur capacité de résistance aux crises et d’adaptation. D’ailleurs, la tendance en matière d’emploi apparaît stable pour la fin de l’année en cours.

A plus long terme, la situation demeure plus critique, notamment pour l’activité Private Banking. Dans une étude publiée fin août, le cabinet de conseil KPMG anticipe la disparition d’une banque privée sur dix d’ici deux à trois ans. Et pour cause : les établissements essentiellement actifs dans la gestion de fortune entrent dans la catégorie des instituts à ‘faible performance’. « Des changements radicaux s’imposent en raison de la baisse de performance des banques privées suisses, 10% d’entre elles ayant fait faillite rien qu’en 2015 », rappelle Christian Hintermann, responsable du conseil en matière de services financiers chez KPMG.


Source : Thierry Iochem, efinancialcareers.com

 

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