Management — 16/06/2016 at 08:00

Les pires emplois pour débuter sa carrière en banque d’investissement

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Si vous êtes assez chanceux pour décrocher un emploi junior en banque d’investissement, vous pourriez imaginer que vous êtes sur la bonne voie pour décrocher à l’avenir de gros packages de rémunération. Cela pourrait être le cas, mais vous aurez d’abord besoin de faire vos preuves en tant qu’analyst et associate. Tout le monde n’y parvient pas, certains font même des burnouts quand d’autres abandonnent tout simplement parce qu’ils s’ennuient.

Nous nous sommes entretenus avec un panel de banquiers juniors (sous couvert d’anonymat) sur ce qu’ils considéraient comme étant les pires emplois dans l’industrie financière. Voici leurs réponses…

1. Les jobs de vendeurs juniors
Les emplois de vente dans les banques d’investissement sont dans une période de transition – les vendeurs chevronnés quittent les banques et Deutsche Bank, JP Morgan et Goldman Sachs recentrent leurs vendeurs sur leurs clients à haute valeur ajoutée tout en automatisant les processus avec lesquels ils desservent les autres clients.

Si vous rejoignez une équipe de vente en banque d’investissement dans ce contexte, vous trouverez sans doute vos collègues sur la défensive. « Difficile d’intégrer les ventes au niveau junior. Vous aurez besoin d’être parrainé. Le management doit être prêt à vous faire confiance avec de grands comptes », indique un trader basé à Londres. A défaut d’être parrainé, votre carrière de vendeur risque de s’achever avant même d’avoir commencé.

2. Les postes Financial Institutions Group (FIG) en BFI
Toutes les emplois des divisions de banque d’investissement (BFI) sont réputés difficiles. Si vous êtes prêts à travailler 90 heures par semaine, vous êtes au bon endroit. La professeure américaine Alexandra Michel a publié une étude qui fait désormais référence et qui montre comment les carrières dans les BFI ruinent votre santé, depuis l’alopécie (perte de cheveux) jusqu’au surmenage physique et mental. Depuis, les banques se sont engagées à réduire les horaires des juniors de façon anecdotique, si bien que les choses n’ont pas vraiment changé.

« Tout ce que vous ferez au cours de vos premières années dans un job en banque d’investissement, c’est du PowerPoint 15 heures par jour, six ou sept jours par semaine », indique un autre trader, ajoutant que pour cette raison  il vaut mieux éviter ces fonctions.

Dans la BFI, une activité semble cependant être la pire d’entre toutes : Financial Institutions Group (FIG). « Si vous vous retrouvez coincé dans une équipe FIG au sortir de l’université et que vous ne vous y plaisez pas, vous constaterez alors qu’il est très difficile de se recycler dans une autre activité », nous a confié l’an dernier un recruteur. Pire encore, vous finirez par travailler de longues heures non-stop.

« Le FIG est moins cyclique que d’autres secteurs, comme par exemple la santé », relève un associé FIG. « Le travail que nous faisons dépend plus de la réglementation que de tout le reste. Ce qui a ses avantages : cela rend le FIG plus stable que les autres carrières, à partir du moment où vous ne courrez pas derrière la gloire, mais cela signifie que nous sommes toujours débordés ».

3. Les jobs de traders juniors
Les jobs de trading juniors ne sont plus le Saint Graal auquel la plupart des gens s’attendent. « Les traders juniors exercent des tâches vraiment fastidieuses. Si vous aspirez à aider les traders seniors en commandant leur repas et en ramenant leur linge de la blanchisserie, c’est l’endroit idéal pour vous », indique un vendeur senior.

Un trader senior dit qu’après tout le job n’est pas si mal, mais avertit que la nature même des emplois de trading a changé en raison de la réglementation. « Aujourd’hui, les juniors en salle de marché passent incroyablement plus du temps sur le processus d’approbation ‘pre-trade’ qui consiste à traiter les problèmes réglementaires et les processus de vérification, au détriment du temps passé à observer le marché, analyser ses tendances et comprendre comment les traders seniors se positionnent ».

4. Les fonctions support et le risque opérationnel
Les banquiers qui sont passés par là jettent également le discrédit sur les jobs dans les infrastructures que les banques sont si désireuses de promouvoir. Un banquier en BFI explique qu’il a débuté sa carrière dans le risque opérationnel et que c’était ennuyeux au possible : « Essayer de comprendre des systèmes complexes de capture de transactions n’est pas exactement ce que j’avais envisagé lorsque j’ai postulé pour des emplois bancaires ».

Un autre trader qui lui a débuté sa carrière dans le ‘trade support’ dit qu’il a l’impression d’être un ‘rouage dans une grosse machine’, même si ses horaires sont moins contraignants que ceux des traders. Passer du ‘trade support’ au trading est plus difficile que jamais : les banques se gardent bien de promouvoir des fonctions support vers des postes de trading, depuis que des professionnels du middle office comme Kweku Adoboli et Jérôme Kerviel ont utilisé leurs connaissances des systèmes de contrôle des banques pour dissimuler des transactions. Une fois que vous avez commencé votre carrière dans une fonction support, vous êtes catalogué.

5. Certains emplois dans la conformité
Certains emplois spécifiques aux équipes conformité des banques peuvent également vous donner la migraine si vous êtes un junior. Les équipes seniors de compliance pestent notamment contre tout ce qui concerne la surveillance des transactions boursières, les opérations pour compte propre (personal account dealing) et l’information à destination du management.

« Si vous travaillez dans la surveillance des transactions boursières, vous passerez tout votre temps à lire des rapports d’exception », note un professionnel senior en compliance. « Vous devrez faire des recherches, procéder à des contrôles et cocher la case. Vous trouverez rarement quoique ce soit de tangible ». Un autre consultant en conformité explique la fonction de surveillance des transactions consiste littéralement à  « regarder des milliers de fausses alertes ».

Le travail consistant à analyser les opérations pour compte propre peut être un peu plus intéressant, mais il est épuisant. Si vous travaillez dans ce que l’on appelle le ‘PA dealing’, vous devrez questionner les banquiers et traders seniors sur la légitimité des transactions qu’ils réalisent sur leurs comptes propres – et ils peuvent se montrer assez virulents.

« Ce que vous allez faire toute la journée, c’est de la compensation d’opérations pour compte propre des banquiers et traders », indique un professionnel senior en compliance. « Le point culminant interviendra à la fin du mois, lorsque vous devrez vérifier tout ce qui est arrivé. C’est complètement abrutissant et assez déprimant quand vous voyez combien ces gars-là ont dans leurs comptes titres, ce qui soit-dit en passant ne les empêche pas de se plaindre de problèmes d’argent ».

Les professionnels de la conformité mettent également en garde contre les emplois d’information aux dirigeants dans lesquels « vous passez des heures à rédiger des rapports de conformité à destination du management afin qu’ils sachent ce qui se passe ». Les efforts que vous aurez faits compteront pour du beurre étant donné que vos rapports seront à peine lus.

6. Les emplois dans les ‘transaction services’
Certes, les emplois de ‘transaction services’ sont plus fréquents dans les Big Four que dans les banques d’investissement. Cela dit, ils méritent une mention spéciale pour certains jobs dont les juniors devraient s’abstenir. « Les ‘transaction services’ services concerne tous les aspects des ‘due diligences’ réalisées lors d’une opération M&A. Or, vous interviendrez seulement sur une partie de l’opération et n’aurez pas la satisfaction d’avoir une vue d’ensemble du processus », déplore un ancien junior en ‘transaction services’.

Alors que les banquiers juniors M&A passent leur temps à travailler dans des bureaux climatisés en rêvant de rencontrer des clients, les professionnels des ‘transaction services’ passent leur temps à travailler dans les bureaux des clients en rêvant d’avoir leurs propres bureaux. « Lorsque je travaillais dans les ‘transaction services’, j’ai voyagé deux ans non-stop. Vous en arrivez à un stade où vous êtes fatigué de devoir trimbaler vos chemises sales d’une ville à l’autre, et n’aspirez plus qu’à une chose : dormir dans votre propre lit », confie notre ex-junior.

Du côté positif, les ‘transaction services’ peuvent conduire à une carrière dans le M&A – à condition que vous soyez capables de travailler de longues heures (voir point 2).


Source : Sarah Butcher, efinancialcareers.com

 

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