Culture Paris/San Francisco — 10/02/2016 at 13:00

Paris se convertit au tactical urbanism

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Grâce aux services de Placemeter, la capitale veut être capable de prévoir l’efficacité de ses projets urbains avant même leur mise en place.

Installer un banc là où demain beaucoup de passants voudront s’asseoir ou élargir un trottoir là où la circulation se densifiera. Ce n’est pas le rêve d’un urbaniste visionnaire mais bien le projet qu’est en train de s’offrir la mairie de Paris grâce à une entreprise informatique américaine créée par deux Français : Placemeter.

“Nous sommes capables de produire des données extrêmement précises sur les différents flux de circulation dans n’importe quelle configuration et d’en déduire des tendances, même dans les lieux les plus complexes.” Martin Lagache, en charge du développement en Europe de Placemeter, sait ce qui l’attend : il s’attaque avec son partenaire américain Cisco à la place de la Nation, connue pour être un inextricable nœud de circulation.

C’est pour résoudre ce casse-tête urbain que la Mairie de Paris a autorisé les deux entreprises à y expérimenter leurs technologies : “La place de la Nation est un espace où beaucoup de types de véhicules se rencontrent et où des rues, des allées et des contre-allées se croisent. Il y a même des terrains de pétanque. Sa rénovation est donc un grand défi et ce qu’a à proposer Placemeter peut nous permettre d’y faire face”, confie Benjamin Favriau, responsable de projets dans la mission “Ville intelligente et durable” de la mairie de Paris.

Le secret de Placemeter ? Le traitement à la volée, c’est-à-dire sans stockage, d’images en très basse résolution, ici fournies par les caméras installées par Cisco.

“Cela nous suffit à déterminer, par exemple, combien de scooters traversent la place de la Nation et à quels moments de la journée ils sont le plus nombreux, ou combien de personnes s’assoient sur les bancs publics et pendant combien de temps”, raconte Martin Lagache.

La technologie doit permettre de mieux prévoir les besoins futurs mais aussi d’éviter les erreurs stratégiques : “Nous offrons à la ville de Paris l’opportunité de mettre en place une politique de tactical urbanism, c’est-à-dire de changement progressif, ponctuel et réversible grâce à des expérimentations sur des points précis pour lesquelles nous sommes capables de fournir des informations fiables sur leur efficacité avant d’envisager leur généralisation”, explique Martin Lagache.

Egalement spécialisé dans les solutions pour le commerce et la mesure du taux de passants qui entrent dans les magasins après être passés devant leur vitrine, Placemeter a vite compris, grâce à son implantation au cœur de New York, que son concept pouvait être aussi utile aux pouvoirs publics : “Le tactical urbanism y est utilisé depuis plusieurs années pour redynamiser le centre-ville et notamment à Times Square, où la piétonisation a d’abord été testée par intermittence entre 2009 et 2014, pour en mesurer les conséquences, avant de l’adopter définitivement”, raconte Martin Lagache.

“La clé, c’est l’évaluation. Avec ces données, nous pourrons appuyer les projets d’aménagement de la ville et aider à la décision. Nous pourrons prévoir, par exemple, l’élargissement d’un trottoir en fonction du flux de piétons, adapter les voies de circulation en fonction des types de véhicules qui traversent le plus la place ou adapter le mobilier urbain selon les besoins”, s’enthousiasme Benjamin Favriau.

Cet intérêt de la récupération de données dans l’élaboration des stratégies urbaines, c’est justement ce que souhaite démontrer le géant de l’informatique Cisco grâce à ce projet qu’il finance : “Les initiatives comme celles de la Nation, où nous avons déployé tout un système de capteurs ainsi qu’un réseau permettant de transmettre les données récoltées vers le cloud exploité par Placemeter, nous permet de prouver que cela peut aider à résoudre les problèmes des villes. C’est aussi l’occasion de montrer que Cisco a un rôle à jouer dans la smart city”, affirme Emmanuel Schneider, directeur du programme d’accélération digitale de l’entreprise.

Autre intérêt du système : “En plus de la basse résolution des caméras, nos algorithmes ne captent pas de données personnelles mais seulement des données de comptage anonymes. Cela nous a permis de rassurer la CNIL”, affirme Martin Lagache. Un avantage d’autant plus important que le second lieu de test de la technologie Placemeter à Paris n’est autre qu’une piscine. Grâce aux caméras, là encore de très basse résolution, installées par la mairie sur les deux bassins de la Butte aux Cailles, dans le 13e arrondissement, Placemeter permettra bientôt aux Parisiens d’accéder à des informations détaillées sur la fréquentation.

piscine

“Nous souhaitons mieux informer les usagers en leur fournissant une information en temps réel. Il y a une véritable attente et, à l’avenir, nous mettrons en ligne, sûrement sur le site de la mairie, l’occupation en temps réel des bassins avec une mise à jour toutes les deux minutes voire même un calendrier d’affluence”, explique Benjamin Favriau.

Le tout pour un coût que le spécialiste smart city de la ville de Paris estime modeste : l’installation de ce système expérimental à la piscine de la Butte aux Cailles a coûté à la mairie environ 5 000 euros.

Si ces deux projets sont aujourd’hui déjà en place pour la piscine de la Butte aux Cailles et en cours d’implantation pour la Nation, la rapidité d’exécution est à la hauteur de l’ambition  de Paris : “Les premiers contacts ont eu lieu fin septembre 2015, quand la mairie de Paris a indiqué sur Twitter chercher une solution pour améliorer l’information sur la fréquentation de ses piscines. Il n’a donc fallu que quelques mois pour se lancer”, raconte Martin Lagache.

“C’est nouveau dans l’administration d’aller aussi vite et de vouloir prouver a priori l’efficacité ou non d’un aménagement”, enchérit Benjamin Favriau, pour qui “si ces expérimentations sont concluantes, il y aura sans doute beaucoup d’autres sujets de collaboration.” Lesquels, mystère.


Source : JDN

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