Private Equity — 22/02/2016 at 11:48

Fonds d’investissement : patrons, à vous de choisir !

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Mode d’emploi : Les entreprises en croissance ont souvent l’embarras du choix lorsqu’elles cherchent un investisseur pour entrer au capital. Mode d’emploi pour ne pas commettre d’impair.

Alors qu’un nouveau fonds d’investissement français, Experienced Capital Partners, vient de voir le jour pour « financer des marques de luxe à fort potentiel », les entreprises en croissance ne manquent pas d’investisseurs pour entrer, si besoin, à leur capital. Il n’est en effet pas rare, à l’occasion d’un LBO, de voir plus d’une dizaine de fonds différents s’affronter pour remporter les faveurs de l’entité désirée. « La concurrence est féroce, avoue Michel Chabanel, président de l’Afic, l’Association française des investisseurs pour la croissance, qui regroupe 282 sociétés de gestion. On se bat à chaque fois pour décrocher un beau dossier et, très souvent, c’est le management de l’entreprise-cible qui a le dernier mot. » Mais comment un dirigeant d’entreprise peut-il être sûr de ne pas se tromper de partenaire ? Au-delà du montant de l’offre initiale, d’autres critères comptent avant de choisir. Passage en revue des points à ne pas négliger à travers l’expérience de cinq entreprises.

Privilégier l’accompagnement à moyen terme
A l’instar de Larry Fink, le patron du fonds d’investissement américain BlackRock, qui appelait récemment 500 PDG américains à sortir de l’« hystérie » de la culture des résultats trimestriels, les sociétés de capital-investissement se défendent d’être des adeptes du court-termisme. « La durée d’un investissement moyen est de cinq ou six ans, souligne Michel Chabanel. Dans notre métier, la vision à court terme ne fonctionne pas, car si nous n’investissons pas sur le long terme, la valeur de la société en pâtira à la revente. » Cette capacité de réinvestissement au rythme du développement de l’entreprise a été un critère important pour Olivier Jallabert, le président d’Amplitude, lors du choix d’Apax, en juin 2011. « Outre la qualité de l’offre initiale qui nous proposait une valorisation attractive, nous nous sommes assurés que la perspective de ce fonds se situait bien à moyen terme, car il n’était pas envisageable pour nous d’avoir un investisseur qui planifiait un horizon de sortie à deux ou trois ans », explique le fondateur du fabricant de prothèses orthopédiques.

La même logique a prévalu pour Christophe Fenart à l’occasion de ses deux LBO conclus en 2010 et en 2013 avec IK Investment Partners et Apax. « L’acheteur ne doit pas se contenter d’entrer au capital et d’attendre la revente, précise le PDG du fabricant de produits salés apéritifs de marques distributeur, Europe Snacks. La question de l’investissement post-acquisition est très importante, car c’est sur lui que repose la croissance. Avec des partenaires solides, vous pouvez, comme nous, doubler le chiffre d’affaires en cinq ans grâce à un fort développement industriel. »

Opter pour un bon connaisseur du secteur
Mais cet accompagnement de la stratégie financière élaborée par le management se fait d’autant plus facilement si le fonds d’investissement a une connaissance aiguë du secteur d’activité, à en croire Marc Schillaci. « En 2008, la technologie du logiciel à distance (SaaS) était assez novatrice sur le marché, note le PDG d’Oxatis, qui s’affiche comme le numéro 1 des solutions d’e-commerce en Europe. Je devais donc trouver un partenaire financier, comme Omnes Capital, capable de comprendre cette technologie, de croire en sa robustesse et en son modèle d’abonnement. Et surtout, tellement conquis par ce nouvel outil, qu’il serait en mesure de m’aider à lever de nouveaux fonds en ayant la force de conviction nécessaire auprès d’autres investisseurs faisant partie de son réseau. »

Une bonne compréhension du secteur qui permet également de garantir une meilleure adhésion au business model de la société. Pour répondre à ce besoin, Guillaume Réveilhac, dirigeant du fabricant de pâtes ménagères Cérélia, cherchait un partenaire avec une forte connaissance de l’agroalimentaire. « Et une grande compréhension des marques distributeurs, renchérit-il. Cette activité est très particulière, car elle suppose de travailler à la fois, sur la qualité du produit, l’innovation et la structure de coût, qui doit rester la moins élevée possible. Il était par conséquent devenu nécessaire pour nous d’avoir des partenaires, comme IK Investment Partners ou Céréa Partenaire, qui comprennent nos spécificités et soient taillés pour la course. »

Rechercher du conseil stratégique et opérationnel
Si Marc Schillaci recherchait avant tout des partenaires financiers, il en allait tout autrement pour Olivier Jallabert. Alors que le PDG d’Amplitude souhaitait se développer à l’international via la création de filiales et le rachat d’entreprises, il ne possédait pas les compétences nécessaires en interne. « Apax, et c’est aussi pour cela que nous l’avons choisi, nous a apporté son expérience des fusions-acquisitions, raconte-t-il. Dans le choix des cibles comme dans le processus de rachat, ses équipes nous ont donné de précieux conseils. » En quatre ans, l’entreprise a ouvert une dizaine de filiales et, chaque fois, le fonds d’investissement a participé à la sélection du pays d’implantation ou des entreprises-cibles. « Ils sont allés jusqu’à nous accompagner lors des rendez-vous planifiés avec les distributeurs que nous souhaitions acquérir. Cela nous a permis de réussir nos croissances externes en bénéficiant de toute leur expertise dans un domaine où nous étions moins à l’aise », concède le dirigeant.

En plus du développement à l’international et du renforcement de son portefeuille éditorial auxquels il contribue, Asmodee a, de son côté, trouvé en Eurazeo, son actionnaire principal depuis janvier 2014, un « business partner » capable de l’aider à se structurer. « Pour évoluer, notamment dans cette période de très forte croissance, nous avons aussi besoin d’un investisseur qui peut nous épauler au niveau organisationnel », détaille son président, Stéphane Carville. Audit interne, ressources humaines, IT, RSE… Dans l’ensemble de ces domaines, l’éditeur de jeux de société bénéficie du support d’Eurazeo qui, « malgré sa taille importante possède des équipes à taille humaine qui nous connaissent et avec qui l’on peut dialoguer très facilement », ajoute-t-il.

Prendre en compte le « feeling » humain
Car, de l’aveu de chacun des dirigeants interrogés, le critère humain est loin d’être négligeable. « Même si nous avons souvent assez peu de temps pour nous décider lors du choix du fonds, il faut s’assurer qu’au-delà d’une bonne compréhension des aspects stratégiques et financiers des actionnaires en vue de leur sortie, il puisse se construire une véritable relation intuitu personae entre les équipes », conseille Guillaume Réveilhac. Et Christophe Fenart d’évaluer que ce critère participe « à 80 % de la réussite d’une entreprise sous LBO ». « Avant d’opter pour Apax, j’ai choisi une équipe, car si la qualité des relations est sous-estimée, elle peut être un facteur d’échec potentiel », affirme-t-il.

Tensions avec le management, divergences stratégiques ou manque de confiance pourraient naître d’une relation qui manquerait de proximité. « Tandis que, si tout se passe bien, le fonds apporte beaucoup au patron, y compris d’un point de vue personnel. En tant que dirigeant d’une ETI, il n’est pas rare de se sentir un peu seul. Pour ma part, en étant bien entouré, j’ai beaucoup progressé dans mon rôle de manager grâce au soutien d’Eurazeo », confie Stéphane Carville qui voit, dans le partenariat noué avec un fonds d’investissement, « une vraie histoire d’hommes qui dépasse la simple question de l’argent ».

À noter
L’investissement moyen réalisé par un fonds d’investissement est d’environ 5 millions d’euros tous secteurs confondus, selon l’Afic, avec de grands écarts de quelques centaines de milliers à plusieurs centaines de millions d’euros.


Source : Les Echos

 

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