Économie — 21/01/2016 at 14:01

Les métiers de taux, talon d’Achille des banques d’investissement en sortie de crise

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Longtemps principale source de revenus pour les banques, ces métiers devraient atteindre un plus bas en dix ans.

L’heureuse photo de famille des grandes banques d’investissement à l’occasion de leurs résultats annuels n’est pas sans tache : l’atrophie de leur principal pôle de revenus, les activités de taux, change et matières premières, en voile l’éclat. Chez Morgan Stanley, les revenus du « FICC » (« fixed income, change, commodities »), comme on l’appelle dans le jargon, ont atteint au dernier trimestre leur plus bas niveau depuis la crise de 2008. Citi fait mieux sur la période, mais ses activités ressortent en baisse de 7 % sur un an, tout comme pour Bank of America, en recul de 9,4 % sur douze mois.

Après plusieurs années de baisse dans le secteur, le cabinet Coalition anticipe cette année pour les dix plus grandes banques de financement et d’investissement (BFI) mondiales un nouveau recul global de 7 %, à 64,8 milliards de dollars, comme entre 2014 et 2013. Environ 10 milliards de revenus ont disparu en deux ans. Pour 2015, selon le BCG, ces acteurs devraient dégager leurs plus bas revenus en dix ans dans ces métiers qui faisaient figure de moteur à réaction des banques.

La raison ? Les métiers de trading et de couverture, qui permettent aux grands groupes de se couvrir contre les variations de taux, de devises et de cours des matières premières, comme le plongeon du pétrole, sont aujourd’hui sous la pression d’un faisceau de facteurs. Les taux directeurs des banques centrales, proches de zéro , et l’environnement de taux peu volatil annihilent toute marge financière réelle pour les intermédiaires. Les scandales à répétition sur des manipulations de taux à l’échelle mondiale ont en outre renforcé la défiance de clients, tout en forçant les banques à faire le ménage et à passer des provisions importantes. A cela s’ajoutent les charges en capital supplémentaires exigées par les régulateurs.

Vagues de départs en vue
La solution imaginée par les grandes BFI consiste à réduire ses équipes dédiées et à automatiser le traitement des opérations de trading afin d’augmenter les volumes pour compenser les baisses de marges. Leurs mauvais résultats facilitent l’entreprise, puisqu’ils présagent d’un recul ou de l’absence de bonus. Mi-janvier, la figure du trading sur bons du trésor américain de JP Morgan, Andrew Lombara, quittait la banque. Comme d’autres avant elle, Morgan Stanley a annoncé supprimer un quart des postes dans le FICC. Chez Goldman Sachs, ces traders sont aussi les principaux visés par les réductions d’effectifs. Selon Coalition, en cinq ans, les équipes de FICC des banques ont déjà perdu plus de 7.000 personnes, passant pour la première fois derrière celles des métiers actions.

La productivité reste néanmoins supérieure à toutes les autres… avec plus de 3,5 millions de dollars par poste de front office, selon le cabinet, soit 1 million de plus que dans les métiers actions. Les coupes d’effectifs ne sont donc pas près de s’interrompre.

Les Echos

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