Hedge Funds — 22/01/2016 at 15:01

Le « hedge fund » de David Einhorn joue son va-tout après une année noire

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nyc5

En perte de 20 % en 2015, son fonds multiplie les initiatives pour remonter la pente.

« Papa, pourquoi tu n’as pas vendu à découvert tes actions et racheté tes positions vendeuses ? » Son « hedge fund » a perdu 20 % en 2015 mais cela n’a visiblement pas entamé la bonne humeur de David Einhorn, le fondateur de Greenlight, qui évoque, dans sa lettre trimestrielle à ses clients, les débats familiaux autour de ses rendements décevants. Il rappelle que sa performance annuelle de long terme (1996) est encore de 16,5 % et que très peu de clients ont manifesté le désir de sortir de son fonds.

Il a joué cartes sur table. Son fonds opportuniste (activisme, valeurs décotées…) a été totalement pris à contre-pied sur à peu près tous ses grands paris. En 2015, son « hedge fund » a été vendeur à découvert sur les deux meilleures performances de l’indice Standard and Poor’s 500 (Netflix et Amazon) tout en détenant en portefeuille deux des pires contre-performances de Wall Street, les titres Micron Technology et Consol Energy. « Nous n’avions aucune des 50 meilleures valeurs de l’indice Standard & Poor’s 500 et avons été contraints d’abandonner certaines de nos positions vendeuses à découvert », écrit-il dans sa lettre à ses investisseurs du 4e trimestre. Il a pris ses bénéfices sur les actions Marvell, Altice et Bank of New York Mellon. Son portefeuille boursier, assez concentré (Apple, General Motors, Time Warner…), a perdu 17,2 %, ses positions vendeuses à découvert ont terminé à l’équilibre (+0,4 %) et sa stratégie « global macro », minoritaire, lui a fait perdre 1,6 %.

Le fonds ne s’interdit pas de spéculer parfois sur les obligations et matières premières : son investissement dans l’or lui a coûté cher en 2015. Afin de profiter de l’envolée du nombre des fusions-acquisitions, Greenlight s’est aussi positionné sur quelques OPA pour capter un peu de rendement. « En règle générale, nous ne faisons pas d’opérations d’arbitrage de fusions-acquisitions car les gains sont limités et les pertes potentiellement très élevées si l’opération de fusion échoue », concède-t-il.

Au dernier trimestre, le fonds s’est démené pour remonter la pente. Il a pris positions sur Macy’s. L’annonce publique de son investissement a fait progresser le titre mardi de seulement 2,5 % dans un contexte boursier très défavorable. Greenlight a acheté des actions d’E.ON à un prix moyen de 8,92 euros, contre 8,55 mercredi. Il a aussi acquis des actions de la société pharmaceutique Mylan et d’Applied Materials.

Pas plus heureux au poker
Le gérant n’a pas eu plus de réussite au poker, sa grande passion. Il a été rapidement éliminé cet été du tournoi « World Series of Poker. » Chaque année il y participe et reverse ses gains à une nouvelle organisation de charité. Son plus fort gain au poker, de 4,3 millions de dollars, il l’avait obtenu en 2012, une année où son fonds gagna 8 %. Les « hedge funds » activistes allaient connaître une période faste dans les trois années à venir. Ces fonds gèrent aujourd’hui autour de 200 milliards de dollars, soit près de 10 fois plus qu’en 2002. Après des années porteuses pour cette stratégie, certains perçoivent la fin d’un cycle qui va conduire les activistes à prendre de plus en plus de risques pour gagner de l’argent. Ils vont se montrer plus exigeants et réclamer des changements drastiques (rachat…) pour rentabiliser leur placement. D’ailleurs, le principal argument derrière l’investissement dans Macy’s est que ce groupe est une cible de choix pour des prédateurs, « un fonds de capital investissement associé à une société d’investissement immobilière », hasarde-t-il. Il termine sa lettre par un hommage à David Bowie, qui disait : « Je ne sais pas où nous allons, mais je vous promets que le voyage ne sera pas ennuyeux. »

Les Echos

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