Économie — 04/01/2016 at 12:27

La Chine, une bombe à retardement

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La Chine que nous décrivent Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier dans «La Chine, une bombe à retardement», ressemble à un TGV lancé sans pilote, au bord du déraillement.

Les deux auteurs, tous deux ingénieurs agronomes reconvertis dans la recherche économique et financière, interprètent  d’ailleurs comme un symptôme, des dysfonctionnements politiques et économiques chinois, l’accident de train survenu sur le réseau à grande vitesse entre les provinces de Hangzhou et de Wenzhou en juillet 2011. 

Les chiffres sont éloquents. Depuis 1980, la croissance chinoise s’est élevée en moyenne à 10% contre 1,8% en France et 2,6% aux Etats Unis. «Un rythme de croissance aussi élevé pendant aussi longtemps est unique dans l’histoire», estiment Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier qui doutent de la pérennité des leviers de cette croissance.  La Chine pèse aujourd’hui 10% de la richesse mondiale, contre seulement 2% en 1980 et 4% en 2000.  Ses exportations  de marchandises, soutenues par une politique de change très offensive, pèsent 11% des exportations mondiales contre seulement 4% en 2001. Depuis cette année là, au cours de laquelle Pékin a adhéré à l’OMC, elles ont été multipliées par cinq, pour atteindre 1440 milliards d’euros. 

Corollaire de cette économie extravertie, la consommation des ménages chinois a diminué à 36% du Pib contre 48% en 2000. La consommation ne représente que 4% du Pib mondial alors que la population pèse 20% de celle de la planète. La montée des inégalités est criante:  «Si le salaire moyen en Chine a augmenté de 14% par an en moyenne depuis 1980, la part de la richesse créée revenant aux salariés chinois n’a pas cessé  de baisser au cours de la période: elle est passée de 54% du Pib en 2002 à 42% du Pib en 2010» contre environ 65% dans la plupart des grands pays industrialisés. «Cet écart illustre à quel point l’empire du Milieu est le seul pays du monde à avoir opté pour un modèle de croissance aussi intensif, tourné vers l’extérieur, et traduit bien sa préférence pour le quantitatif plutôt que pour le qualitatif», Une approche qui va très bientôt démontrer ses limites, selon Jean-Luc Buchalet et Pierre Sabatier. 

Le secret de l’inquiétant dynamisme chinois ? Le surinvestissement. Il représente environ 50% du pib, un niveau inégalé qui se traduit par une situation de surproduction dans divers secteurs.  «L’explosion de l’investissement immobilier public et privé (respectivement 18% et 38% en 2010) s’accompagne d’une corruption généralisée …», notent au passage les deux auteurs.  

Conséquence de cette démesure,  l’endettement a fait un bond. «En seulement trois ans, la Chine a réussi à atteindre le même niveau de dette totale que les autres grands pays industrialisés: avec 222% du Pib (dont 153% de dette privée), elle est au niveau de celle de la zone euro (220% du Pib), l’endettement public s’élevant à 69% du Pib », écrivent les deux économistes. Ils rappellent que  «depuis l’après guerre, un taux d’endettement public supérieur à 90% du Pib a toujours joué de manière particulièrement négative sur la création de richesse dans les pays émergents, avec une décote comprise entre 2% et 4% sur les taux de croissance potentielle du Pib».

Le plus étonnant, est que ces investissements massifs  n’ont pas permis à la Chine de s’extraire de la dure condition d’usine d’assemblage du monde. « La part chinoise dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale se situe toujours à 12%, la moitié de celle du Japon et moins d’un cinquième de celle des Etats Unis », soulignent les experts.

«Si la poursuite de la trajectoire chinoise est tout simplement impossible, c’est qu’elle repose aujourd’hui sur un modèle économique passésite et inadapté à un monde en pleine mutation, hérité de celui des pays industrialisés du temps de la seconde révolution industrielle, très consommateur en énergie», jugent-ils, rappelant que la Chine consomme cinq fois plus d’énergie que l’Europe par unité de Pib produite. 

Laurent Chemineau / AGEFI

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