Hedge Funds — 16/09/2015 at 16:31

Pourquoi les « hedge funds » ouvrent leur capital

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Les « hedge funds » cèdent une partie de leur capital pour assurer leur survie. Leur collecte en profite, mais pas leur performance.

L’entrée récente du fonds de capital-investissement Kohlberg Kravis Roberts (KKR) dans le capital de Marshall Wace, un « hedge fund » anglais, témoigne d’une tendance loin d’être anecdotique. Sur vingt ans (1994-2014), un « hedge fund » sur six a cédé une partie de son capital à des investisseurs extérieurs, selon une étude de l’université de Géorgie. Les « hedge funds » qui ont ouvert leur capital sont essentiellement ceux qui peinaient à collecter de l’argent, mais qui étaient plutôt performants. Plus leur rendement est élevé, plus ils ont de chances d’attirer un actionnaire dans leur tour de table, lequel acquiert sa participation dans une optique de long terme, rarement moins de cinq ans.

Après avoir accueilli leur actionnaire, les « hedge funds » lancent de nouveaux fonds et stratégies. Ils enregistrent un bond annuel de leur collecte d’argent de 8 à 11 % par rapport aux autres fonds alternatifs, leur nouvel actionnaire pouvant leur ouvrir les portes de nouveaux marchés géographiques ou segments de clientèle.

La présence d’un actionnaire de référence réputé et expérimenté attire et rassure les clients potentiels. C’est le cas de Julian Robertson, un des « parrains » du monde alternatif, qui investit son propre argent dans des jeunes pousses qu’il prend sous son aile depuis près d’une quinzaine d’années.

Performance comparable
De quoi donner un coup de pouce supplémentaire à la collecte de ses « protégés », mais pas à leur rendement. En effet, la performance d’un « hedge fund » qui a ouvert son capital est comparable aux autres fonds du secteur. L’investisseur, expérimenté ou pas, ne parvient ainsi pas à identifier à l’avance les fonds qui vont être les plus performants pour y investir.

Toutefois, l’arrivée d’un actionnaire a des effets bénéfiques. Les fonds qui ont ouvert leur capital ont tendance à prendre moins de risques dans les deux années qui suivent. La probabilité qu’ils commettent des fraudes et des infractions est moitié moindre de celle des fonds sans actionnaires extérieurs. Ils ont aussi moins tendance à manipuler leurs chiffres de performance. Les fonds semblent disciplinés, mieux contrôlés et plus vertueux.

Dans 40 % des cas, le « hedge fund » cède de 5 à 50 % de son capital et, dans 20 % des opérations, plus des trois quarts de son capital. Les fonds qui cèdent la majorité de leur capital sont surtout les petits « hedge funds » de moins de 100 millions de dollars d’actifs (1 transaction sur 2), jeunes (moins de deux ans d’existence) et qui ont besoin d’un partenaire pour assurer leur viabilité, sinon leur survie, et les aider dans leur développement.

Renoncer à son indépendance
En effet, l’espérance de vie des « hedge funds » est très faible : un sur trois ne passe pas la barre des trois ans et la moitié d’entre eux ne fêteront jamais leur 5e anniversaire. Un jeune « hedge fund » préfère renoncer à son indépendance pour éviter la fermeture. Les fonds plus établis (dix ans d’existence), qui souhaitent demeurer maîtres chez eux, sont bien moins nombreux à ouvrir leur capital, avec seulement 12 % des opérations.

Dans ce métier d’entrepreneur, où les ego sont très prononcés, partager le pouvoir n’est pas naturel. Les investisseurs qui entrent au capital des « hedge funds » sont d’autres « hedge funds » dans plus de 1 cas sur 3, suivis par des banques (22 %) comme Goldman Sachs, des firmes de capital-investissement (15 %), tel KKR, et des sociétés de gestion traditionnelles (12 %), en quête de diversification.

Les Echos

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