Management — 18/09/2015 at 12:07

Contre l’espionnage, la culture du secret

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La fuite d’informations stratégiques ne provient pas toujours d’un « espion » extérieur, mais bien plus souvent d’une personne en interne qui a un accès licite à l’information.

Alors qu’une proposition de directive instaurant un « secret des affaires » est en cours d’examen au Parlement européen, les entreprises sont de plus en plus soumises à l’espionnage industriel. En 2013, déjà, la Commission européenne estimait qu’une entreprise européenne sur quatre avait fait état d’au moins un cas de vol d’informations sensibles, contre 18 % en 2012. « Or, depuis, les choses ne se sont pas vraiment arrangées », note Yves Bizollon, avocat associé du cabinet Bird & Bird.

Contrairement à la conviction qui circule dans l’imagerie populaire, l’espionnage industriel ne provient pas nécessairement de l’intrusion physique ou informatique d’un « espion » au sein de l’entreprise. « Cette croyance relève plutôt du roman d’espionnage, assure Yves Bizollon. 90 % des cas sont le fait de personnes qui accèdent licitement à l’information mais la détournent ou en font un usage non autorisé par la suite. » Salariés, stagiaires, partenaires, entreprises de nettoyage… Chacun peut devenir une menace potentielle pour la sécurité des données confidentielles de l’entreprise.

Des stagiaires aux partenaires
Seule parade : la diffusion d’une culture du secret dans l’ensemble de la société. « Le stagiaire, par exemple, devrait, dans son “pack” d’arrivée, être sensibilisé au caractère confidentiel des documents qu’on lui remet et des informations qu’il peut entendre… tout comme il est mis au courant des horaires de cantine », ­conseille Yves Bizollon. Idem pour le salarié qui a une discussion téléphonique à propos d’un client dans un lieu public ou pour le collaborateur qui envoie des mails avec des données sensibles à 25 ou 30 personnes en même temps. « L’espionnage industriel n’est pas forcément de nature technique, précise Yves Bizollon. La date de lancement d’un nouveau modèle pour un constructeur automobile peut être stratégiquement plus déterminante, par exemple, que des informations sur telle ou telle pièce du moteur. Il faut donc rappeler à toutes les parties prenantes de la société qu’elle dispose de richesses qu’il faut protéger. »

Des précautions qui doivent d’ailleurs être étendues au-delà des frontières de l’entreprise. « Dans les contrats avec les fournisseurs et autres partenaires de l’entreprise, il n’est pas rare de voir des clauses de confidentialité standards qui ne sont pas adaptées au contrat en question », détaille l’avocat. Les rendant alors inefficientes en cas de fuite de données sensibles.

Les Echos

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