Entreprise — 29/09/2014 at 12:30

Gucci : la stratégie de Kering remue la lunetterie en Italie

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Kering a décidé de reprendre au lunettier Safilo sa licence Gucci.

« Who’s next ? » Une semaine après la décision du groupe Kering de rompre avec deux ans d’avance son contrat de licence Gucci avec le numéro deux italien de la lunetterie, Safilo, en vue de le rapatrier fin 2016, les experts s’interrogent sur son impact potentiel. Pilotée par l’ex-numéro un de Safilo, Roberto Vedovotto, l’activité de Kering Eyewear prendra son envol, début 2015, à Padoue, en Vénétie, où est concentré l’essentiel de l’industrie italienne de la lunetterie. S’il n’est pas dit que l’initiative de Kering fasse école, elle pourrait accélérer la consolidation des fabricants, un secteur qui comptait encore 870 entreprises en 2013.

«  La décision de Kering ne nous fait pas peur. Nous allons doubler les revenus tirés de nos propres marques », a lancé l’administratrice déléguée de Safilo, Luisa Delgado, à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire de la société, à Venise. Outre son portefeuille de 25 licences (parmi lesquelles Dior, Fendi et Alexander McQueen…), Safilo entend doubler, de 20 % à 40-45 %, la part de ses marques propres (Carrera, Polaroid, Smith…) dans ses revenus. Mais le coup est rude pour le numéro deux mondial de la lunetterie, qui tire encore 80 % de ses revenus de ses licences, contre 30 % seulement pour son grand rival Luxottica. Un an après la perte de la licence Armani, Safilo (détenu à 43 % par le groupe néerlandais Hal) a vu son cours chuter de 26 % à l’annonce de la décision de Kering de rapatrier la conception et la distribution des lunettes Gucci. Malgré le versement d’une indemnité de 90 millions d’euros par Kering et le maintien d’un accord de production, les analystes ont revu à la baisse leur recommandation.

Une tendance de fond

Officiellement, le risque que la décision de Kering fasse école n’inquiète pas outre mesure Luisa Delgado. Les deux partenaires restent liés par un accord stratégique jusqu’en 2020. A priori, ni Prada ni Armani, tous deux liés à Luxottica, ne sont prêts à suivre l’exemple de Kering. La décision du groupe français est en partie liée à l’effet d’aubaine créé par la rupture entre Safilo et son ancien patron, Roberto Vedovotto, sans clause de non- concurrence, il y a un an. Mais certains experts y voient aussi une tendance de fond. «  C’est un signal fort dans un moment de crise : les grandes marques du luxe vont être tentées d’abaisser les coûts en raccourcissant la filière et en réduisant les royalties », estime Alessandra Albarello, consultant spécialiste du secteur.

Dans tous les cas, les observateurs estiment que le précédent Safilo pourrait favoriser la concentration en durcissant les conditions d’attribution des licences. Selon les derniers chiffres de l’Anfao, la production de lunettes représente 16.000 emplois en Italie et un chiffre d’affaires de 2,9 milliards d’euros en 2013 (dont 90 % à l’export).

Face aux deux leaders Luxottica et Safilo, les poids moyens comme De Rigo, Allison ou Marcolin (repris par PAI Partners en 2012) risquent d’être plus vulnérables.

Les Echos

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