Économie — 07/09/2012 at 14:20

Le Qatar hausse le ton

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La fusion entre les deux géants suisses des matières premières Glencore et Xstrata semble compromise face au blocage sur le relèvement du prix de l’opération, réclamé par certains actionnaires qui pourraient voter contre ce mariage vendredi.

Le communiqué publié jeudi dernier par Qatar Holding (QH), le deuxième actionnaire de Xstrata, pourrait bien avoir sonné le glas pour le mariage des deux groupes, qui doit être avalisé vendredi lors de deux assemblées générales à Zoug, dans le centre de la Suisse. Le fonds souverain du Qatar, qui détient plus de 12% dans Xstrata, a affirmé que “bien qu’il continue d’appuyer le principe d’une association de Glencore avec Xstrata, il a décidé qu’il ne soutiendrait pas le projet de fusion dans les termes proposés, soit 2,8 nouvelles actions Glencore pour une action Xstrata”.

Qatar Holding réclame depuis juin un relèvement de plus de 16% du ratio d’échange de l’opération, à 3,25 actions, auquel Glencore se refuse. D’autres actionnaires se sont ralliés à l’avis des Qataris et sont désormais opposés au projet de fusion, destinée à donner naissance à un mastodonte du secteur des matières premières pesant environ 69,8 milliards d’euros en Bourse, au cours actuel des deux titres.

De plus en plus d’actionnaires opposés à la fusion

Selon le Financial Times, le fonds Norges Bank Investment Management, contrôlé par le fonds souverain norvégien, qui s’est renforcé ces dernières semaines au sein de Xstrata dont il détient désormais 3%, “aurait indiqué en privé à Xstrata et Glencore qu’il était opposé aux termes actuels de leur fusion”.

Glencore, qui détient près de 34% de son homologue suisse mais qui n’est pas autorisé à voter lors de l’assemblée générale de vendredi, s’est pour l’heure montré inflexible face à la pression de actionnaires de Xstrata et a même préparé le terrain à un éventuel échec de l’opération. Son patron, le Sud-africain Ivan Glasenberg, avait indiqué à Dow Jones Newswires lors de la publication des résultats semestriels le 21 août que la fusion n’était “pas une obligation”. “Si nous ne le faisons pas maintenant, nous pouvons toujours le faire à l’avenir”, avait-il insisté. M. Glasenberg a fait valoir son incompréhension face aux demandes de Qatar Holding, affirmant que “personne m’a donné des chiffres précis” permettant de soutenir un relèvement de l’offre à 3,25 action Glencore pour chaque action Xstrata.

Pour les analystes, les jeux sont quasiment faits. “La reprise (de Xstrata) par Glencore va probablement échouer, à moins que (Ivan) Glasenberg ne relève l’offre à temps”, ont estimé les spécialistes de CIMB. “Les chances sont bonnes pour que le vote du 7 septembre finisse en impasse” et que la fusion soit rejetée par les actionnaires, ont ajouté les analystes RBC Capital Markets. “Il y a suffisamment d’actionnaires mécontents avec les termes pour voter contre l’opération”, ont-ils insisté.

Selon RBC Capital Markets, la longue période d’évaluation de la fusion par les autorités de la concurrence en Europe et en Chine pourrait également permettre à Glencore de repousser une nouvelle fois l’assemblée générale et de gagner suffisamment de temps pour revoir les modalités de l’opération. Les assemblées générales de Xstrata et de Glencore avaient déjà été repoussées une première fois début juillet, en raison de la demande d’un relèvement de l’offre par Qatar Holding et de la grogne suscitée par les primes destinées aux 73 responsables clé de Xstrata dont le directeur général Mick Davis. Un échec du rapprochement entre les deux groupes ne serait pas pour autant un désastre, ont souligné les analystes. Glencore, qui a dégagé au premier semestre un bénéfice net en baisse de 8% à 2,3 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros), se trouve dans une position solide pour dégager des revenus. Xstrata, dont le profit net a reculé de 33% à 1,9 milliard de dollars entre janvier et juin, profite quant à lui d’une bonne croissance organique.

Reuters

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