Économie — 18/02/2016 at 12:41

Paris, Londres et Berlin se disputent le titre de capitale européenne des start-up

by
graph
En 2015, les investissements en capital-risque en France ont plus que doublé, à 1,8 milliard d’euros, selon le baromètre EY.L’Hexagone entre dans la cour des pays à licornes et gagne du terrain sur l’Allemagne.

Berlin n’est peut-être plus pour très longtemps la deuxième capitale européenne du capital-risque derrière Londres. Au dernier baromètre EY, la France a dépassé l’an dernier l’Allemagne en pourcentage du nombre de start-up financées sur le Vieux Continent (21 % contre 17 %). Les capitaux investis à Paris ont en outre doublé sur l’année à près de 2 milliards d’euros, lui faisant gagner 3 points dans la part des montants levés (13 %) en Europe, quand Berlin en perd 6 (20 %).

Certes, l’Allemagne héberge encore bien plus de licornes que la France – 4 valorisées 8,23 milliards de dollars -, mais la menace hexagonale pointe. Avec BlaBlaCar (1,6 milliard de dollars), la France vient de faire son entrée dans la cour des pays aux start-up de plus de 1 milliard de dollars. Elle arrive ainsi en cinquième position du palmarès des 39 licornes de la zone Europe, Moyen-Orient, Inde et Afrique, derrière le Royaume-Uni, la Suède, l’Allemagne et la Russie. Mais 2016 promet d’autres françaises, Sigfox talonnant la plate-forme de covoiturage, comme Quadran. « Chaque pays essaie d’être à la première place du podium, note Franck Sebag, associé EY chargé du secteur VC-IPO en France, l’Allemagne s’affichant en grande rivale de la France. »

L’Allemagne défend ses positions
A Berlin, justement, on ne compte pas céder si facilement du terrain au palmarès européen. Le classement du baromètre EY, qui porte la capitale britannique en tête, se fonde sur les données de Dow Jones VentureSource. Mais, selon un autre indice concurrent, Thomson ONE, mis en avant outre-Rhin, l’Allemagne ravirait au Royaume-Uni la palme du pays du plus grand nombre de start-up financées… L’écart tient à la définition retenue des jeunes pousses, en particulier les licornes. Au-delà d’un certain montant alloué et de tours de table à plusieurs centaines de millions de dollars, financés par exemple par la plate-forme de financement allemande Rocket Internet à Berlin, il est en effet légitime de se demander si l’on peut encore parler de start-up. Ces entreprises matures, jugent certains, sont soutenues par des investisseurs de capital-développement. Elles devraient donc être exclues du palmarès du capital-risque.

Dans cette bataille européenne, la France n’en confirme pas moins son ascension. Le doublement des capitaux alloués à l’Hexagone par rapport aux deux années précédentes est allé de pair avec une très forte croissance des montants moyens investis, signe de confiance des investisseurs, prêts à prendre des paris plus élevés. Les deuxièmes tours de table (deuxième augmentation de capital après une première opération d’amorçage) sont passés de 3,5 millions à 5,1 millions d’euros en moyenne, tandis que les troisièmes tours et au-delà ont plus que doublé, à 14,1 millions d’euros.

Naturellement, l’inquiétude lancinante qui va avec est la course à l’excès dans les valorisations et la création d’une nouvelle bulle, à l’image des années 2000. Pour Franck Sebag, il faut néanmoins revenir aux fondamentaux. En 1995, note-t-il, il fallait 5 millions de dollars de départ pour créer une start-up, pour financer l’achat de serveurs, des licences et des développeurs. Ce coût d’entrée est retombé à 5.000 euros depuis 2014 avec les logiciels libres, les systèmes de cloud et la création de start-up par des développeurs eux-mêmes (ce qui supprime des frais d’externalisation).

Cela vient expliquer la frénésie de création, mais aussi l’agilité dont profitent aujourd’hui leurs fondateurs pour se lancer immédiatement à l’international, afin de répondre à une demande des consommateurs connectés désormais mature. D’ici à croire que la France hébergera dans les prochaines années les nouveaux Alphabet…

À noter : Le secteur des services Internet est celui qui attire toujours le plus d’investisseurs (170 opérations) devant les logiciels (111) et les sciences de la vie (59).


Source : Anne Drif / Les Echos

NOUS RECOMMANDONS:

Au bonheur des traders
Le Japon se mobilise pour enrayer la déflation
La liquidité déferle sur les Bourses en zone euro
Pourquoi et comment vous devriez apprendre à coder

Leave a Reply

— required *

— required *