Private Equity — 27/01/2016 at 13:11

Pourquoi les stars du Net bousculent les fonds d’infrastructures

by
AirbnbOpen
Investir dans des actifs ne suffit plus à produire du rendement. Les gérants doivent développer des services associés, notamment liés aux nouvelles technologies.

C’est la catégorie la plus « ennuyeuse » (« boring ») du « private equity » et ses gérants le revendiquent comme tel : l’investissement dans les projets d’infrastructures génère un rendement faible, mais constant et sur longue période, bien loin des montagnes russes du LBO (acquisitions financées par la dette). L’heure, cependant, est à la remise en cause pour les gestionnaires de ces bas de laine qui peinent à séduire les investisseurs.

L’an dernier, le nombre de fonds et les capitaux levés ont chuté de 22 % et de 12 % respectivement, selon Preqin. Et l’exercice promet d’être plus difficile encore en 2016. Le nombre de gérants en quête de capitaux atteint un niveau record dans le monde en ce début d’année : ils sont 181 fonds à vouloir décrocher au total 125 milliards de dollars. C’est sans compter les équipes de LBO qui viennent marcher sur leurs plates-bandes avec des véhicules longs. Ni les taux d’intérêt qui entament une remontée graduelle et forcent ces fonds d’infrastructures à trouver le moyen de bonifier leurs rendements peu élevés s’ils veulent rester attractifs.

Airbnb, le trublion
A cela s’ajoute une autre menace plus fondamentale encore : les start-up du Net. « Avec les ruptures technologiques, des monopoles peuvent s’effondrer, explique Mathias Burghardt, le responsable des investissements d’infrastructures d’Ardian. Observez Airbnb par exemple, devenu la plus grosse chaîne hôtelière du monde par le nombre de nuits vendues, et ce, sans même détenir aucun actif immobilier. Pour les propriétaires d’actifs, cela soulève une vraie réflexion, car en utilisant les actifs des autres et sans même investir, on peut devenir un leader. Les situations de rente disparaissent. »

Pour Ardian Infrastructure, qui vient de lever son quatrième millésime de fonds – le plus important d’origine européenne (2,65 milliards d’euros) avec des investisseurs venus de France, mais aussi de Corée, de Taïwan ou encore des Etats-Unis –, la réponse passe donc par l’apport de nouveaux services autour de ses infrastructures, afin de mieux les valoriser, grâce au digital. Précurseur, la société d’investissement vient de créer en son sein une nouvelle équipe dédiée aux innovations et a déjà engagé la transformation de certains de ses actifs, comme ses parkings (Vinci Park devenu Indigo) et ses aéroports.

Parkings intelligents
Indigo a ainsi racheté la start-up estonienne Now! Innovations pour faire de ses parkings des « centres de mobilité et logistiques urbains ». Le parking de l’Hôtel de Ville, à Paris, a été complètement rénové afin d’accueillir des voitures avec réservation en ligne, des vélos, mais aussi stocker ses achats sur Internet pour les retirer à la sortie. « L’avenir est de mieux u tiliser les infrastructures plutôt que d’en construire de nouvelles  », poursuit le responsable. A l’aéroport de Naples par exemple, dont Ardian est actionnaire, tout un chantier a été mené pour accélérer la vitesse d’enregistrement des voyages, de la carte d’embarquement automatisée au dépôt des bagages et au passage de sécurité, grâce aux passeports numériques. Cela dégage de l’espace qui peut ensuite être déployé pour des boutiques et, donc, des revenus supplémentaires. La rentabilité historique dans le secteur tourne autour de 10 %. « Si l’on n’investit pas dans ces nouveaux services, le risque est que le rendement se dégrade », prévient Mathias Burghardt.

Les Echos

Le top 10 des fonds d'investissement dans le monde
En marche vers une nouvelle mutation : le "corporate private equity"
Le private equity s'intéresse de près aux actifs pétroliers et gaziers
Les ingrédients du parfait CV pour le private equity

Leave a Reply

— required *

— required *